Ancienne place forte de l’industrie en Belgique, la ville et la région de Charleroi gardent en elles les traces
indélébiles de ce prestigieux passé.
Que reste-il de cet arsenal d’usines, d’ateliers, de haut-fourneaux et de mines qui firent la richesse du pays jusqu’à
l’entre-deux guerre ?
Des ruines éparses, de grands bâtiments ayant perdus leur vocation première, un environnement massacré et une gloire qui
n’est plus qu’un vague souvenir.
Charleroi fût le siège des ACECNote1. Tout ce qui touchait à l’électricité
ou à l’électronique était estampillé ACEC. Des télévisions aux trains de la SNCB, en passant par l’aérospatiale et l’éclairage.
Sans oublier le nucléaire : les ACEC prirent une grande part dans la conception de BR-1, BR-2 et BR-3Note2
, les premiers réacteurs nucléaires de Belgique, entre 1954 et 1962. Durant les années 60, la société
carolorégienne rivalisait dans tous les domaines et sans problème avec le géant néerlandais, Philips.
Hélas, dès les années 70, les problèmes s’accumulèrent et finalement, la vénérable entreprise fondée en 1886 sera dépecée entre
Alcatel, Alstom et la région wallonne. Nous sommes alors en 1989.
Logo des ACEC
Pourquoi cette évocation des ACEC ? Parce qu’elle illustre à elle seule la chute infernale de la capitale du Pays Noir.
Charleroi (et la Wallonie en général) ratera la reconversion économique des sixties et sombrera peu à peu, avec le funeste
cortège des restructurations, reprises-fermetures et délocalisations. Le chômage monte en flèche, la population se paupérise
dangereusement et la seule chose qui semble résister aux vents et marées, c’est le Parti Socialiste.
Du fleuron industriel d’avant-guerre, la ville deviendra le bastion du crime, de la corruption et du système
Van CauwenbergheNote3. La ville hérite du surnom peu flatteur
de ‘Chicago-sur-Sambre’.
Je ne reviendrai pas non plus outre mesure sur cette hérésie qu’est le métro « léger » de
CharleroiNote4...
Armes de Charleroi
Une fois sur place, le sentiment d’abandon m’envahit aussitôt.
Une autre chose qui m’a aussi frappé, c’est l’accueil de la population locale. Du riverain de la Fonderie Giot aux gamins
jouant dans la rue, aucun n’a hésité à me raconter et à me montrer leur quotidien.
Visiblement, peu de « responsables » s’intéressent encore à ces gens-là... Les priorités sont ailleurs. Mais où ? Aucune idée...
Histoire de changer radicalement de décor et de me décrasser un peu les poumons, détour par Beaumont.
Petite ville touristique perchée sur son éperon rocheux, elle domine la belle vallée de la Hantes. Dépaysement complet à seulement
une trentaine de kilomètres de Charleroi.
En route pour Charleroi ! Arrêt sur une aire d’autoroute avec vue imprenable sur l’ascenseur à bateaux de Strépy-Thieu...
... et panorama sur la frontière entre le Centre et le Borinage.
Coin du Hainaut encore vert entre deux grands ex-bassins industriels.
Les terrils constituent le principal relief de la région.
Qui dit Charleroi dit football. Le stade du Sporting local coincé dans un quartier résidentiel.
Rénové de fond en comble pour l’Euro 2000, dix ans plus tard (et quelques dizaines de millions au passage...), il est au cœur d’une bataille juridique entre la Ville et les riverains.
Le Mambourg étant là bien avant les premières habitations, les gens s’installant ici savaient à quoi s’en tenir.
Un peu comme s’installer près d’un aéroport et ensuite se plaindre des nuisances sonores.
Ce stade reste malgré tout une belle prouesse technique. Dommage qu’il finisse bientôt sous la pioche des démolisseurs.
Autre club, autre stade, autre environnement. Bienvenue à la Neuville, antre de l’Olympic.
Evoluant à un niveau inférieur à celui du Sporting, les Dogues entretiennent néanmoins une haine viscérale envers le grand frère du Sporting.
Ici, pas de constructions grandioses, on se contente d’une vieille arène construite dans les années 30.
L’Olympic aurait dû émigrer vers la Mambourg après l’Euro 2000 mais ses sympathisants ne voyaient pas d’un bon œil ce déménagement forcé au domicile de l’ennemi héréditaire.
Le vieux club de la Neuville restera finalement dans ses installations certes désuètes mais au charme certain.
La Sambre, première artère de Charleroi, passant à proximité de la gare.
Près du palais de justice, dans le centre-ville.
Le vieux noyau urbain offre une certaine anarchie urbanistique, mal dont souffre la plupart des villes wallonnes.
Place Emile Buisset.
La gare de Charleroi-Sud, récemment remise à neuf. La gare est totalement isolée du reste de la ville par la Sambre.
Place Jean Monnet.
Près de là, changement radical de décor. Rue de Marchienne, entre une ligne SNCB et les usines du groupe Arcelor-Mittal.
Ici, pas de maisons, de parc ou d’église. Que de l’industrie lourde (ou ses ruines) sur des kilomètres carrés.
Parfois, on arrive à dénicher un édifice à taille humaine, entres les monstres d’acier du bassin industriel.
Les maisons adossées au pont. Les gens qui vivent ici souffrent énormément de la pollution, dans l’indifférence totale. Au fond, la Fonderie Giot.
Le château d’eau de la FAFER, bien connu des explorateurs urbains.
Les anciens locaux administratifs de la FAFER, rue de l’Alliance.
Les portes définitivement closes sur un passé révolu.
De l’autre côté de la Sambre, autre lieu connu, l’ancien château d’eau des Forges de la Providence. Il ne devrait plus rester longtemps debout.
La cokerie de la Providence, à l’arrêt. Lorsqu’elle est en activité, des flammes s’échappent des torchères, ainsi que des panaches de fumée noire.
L’antique château d’eau. A l’arrière, le terrain est en reconversion.
La partie du site des forges encore en activité, vers Charleroi. A droite, le viaduc du métro.
Un bâtiment rongé par l’oubli et la pollution.
L’accès glauquissime de la station de métro éponyme des Forges de la Providence.
La station (en délabrement avancé) étant construite sur un viaduc, elle offre quelques points de vue intéressants.
Feu rouge pour la Providence.
Toute la beauté et la fraicheur de l’entrée de la station de métro. Y a pas à dire, on se sent revivre à Charleroi !
Dernier regard sur la Providence.
Les terrils sont les derniers témoins visibles de l’exploitation minière qui a fait de cette région la deuxième plus riche au monde au XIXe siècle.
Les choses aujourd’hui ne sont plus tout à fait pareilles. Station-service abandonnée, comme un symbole d’une région en pleine décrépitude.
Les hautes cheminées de l'usine à pellets, sur le site de Carsid, le long de la N90.
Un petit faisceau de triage, avec au fond, le centre-ville de Charleroi.
Le paysage hyper-industriel de Marchienne, où la nature a bien du mal à résister.
Sommet d’un terril verdoyant. Vu la nature d’un terril, il ne faut jamais se balader dessus, sauf si c’est explicitement autorisé.
Les beaux panneaux de la SPAQuE, qui se vante d’avoir assaini le site de la Fonderie Giot.
Maisons à proximité immédiate de la Fonderie Giot.
La Fonderie Giot dans son ensemble. Pour l’exploration de la fonderie, ça se passe ici
Ruinés par des décennies d’abandon et par le vandalisme, les vieux murs ne demandent qu’à s’effondrer.
Après le désolant spectacle offert à la vue de tous, je vous présente les coulisses. Là aussi, ce n’est pas triste !
Ces images sont prises du jardin d’un riverain de la Fonderie Giot. Merci à lui de m’avoir ouvert les portes de sa maison.
Comme on peut le voir, la SPAQuE excelle dans l’art de l’assainissement. Et dire que cet organisme est financé par nos impôts ! A vomir.
Histoire de me redonner le moral après la grisaille de Charleroi, petit saut à Beaumont. Ici, on peut respirer sans risque.
La ville domine la vallée de la Hantes.
La situation de Beaumont au sommet d’un escarpement provoquera bien des sièges et des batailles.
Vers la Tour Salamandre.
La masse grisâtre de la Tour Salamandre se cache derrière les arbres.
Rue de la Poterne.
Au pied de la Tour Salamandre. Edifiée au XIe siècle, elle sera incendiée par les français en 1655 et les anglais en 1691.
La Tour Salamandre et la Poterne, vestige de l’enceinte communale.
Gros plan sur la Poterne (XVIe siècle).
Plus bas, le cadre bucolique de la chapelle Saint-Julien l'Hospitalier.
Sur la Grand’Place, l’hôtel de ville (à gauche) et le château du Prince.
L’église Saint-Servais, de style néo-classique. Elle remplaça en 1775 une grande église gothique ruinée par les français en 1655.
Détails sur le château du Prince. Napoléon y séjourna l’avant-veille de sa défaite à Waterloo.
A Montignies-Saint-Christophe, on trouve un intéressant pont-barrage gallo-romain.
Construit au Ve siècle, il permettait de remplacer un gué, difficilement franchissable en raison du débit de la Hantes, sur l’ancienne voie romaine Bavay-Trèves.
Dans le voisinage du pont, on retrouve quelques fermes fortifiées digne d’intérêt, ainsi que des balades à travers bois ou champs.
Le pont vient juste d’être restauré. La proximité d’un parking gâche quelque peu le paysage.
Direction la maison !
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