A l’instar des autres grandes villes belges, Charleroi possède deux clubs de haut niveau. Et comme partout ailleurs, la rivalité
est grande entre ces deux cercles, le Sporting et l’Olympic.
Cette rivalité se retrouve dans leurs stades respectifs : le Mambourg et la Neuville.
Comme souvent, avant l’apparition des clubs que nous connaissons encore aujourd’hui, il y a probablement eu de plus anciens
clubs de foot que le Sporting et l’Olympic. Peu d’entre eux ont réussi à survivre et pour ceux qui n’ont duré que quelques
années, il est aujourd’hui bien difficile d’en établir un historique.
Il est ainsi plus que probable que des clubs ont été fondés à Charleroi au XIXe siècle mais les traces écrites ont disparu.
Il en va évidemment de même pour les anciens terrains ou stades qui ont pu exister dans la capitale du Pays Noir.
Le plus ancien club qui nous est parvenu est le Royal Charleroi Sporting Club. Porté sur les fonts baptismaux par Bridou, Bermus
et Deguelde le 1er janvier 1904, il ne sera admis à l’Union Belge qu’en 1907.
Durant ses premières années, le club végétera dans les séries régionales et se mettra même en sommeil en 1913 faute de moyens
financiers.
Après la guerre, le Sporting reprend ses activités et devient une coopérative. Le club devra tout de même patienter jusqu’en 1926
avant d’enfin accéder aux séries nationales mais s’installe à la Rue Spinois dans une nouvelle enceinte de 10.000 places. Le nouveau
stade est inauguré le jour de Noël 1923. En 1926, le Sporting reçoit le matricule 22.
Le club y reste jusqu’en 1939 quand il déménage à quelques centaines de mètres dans le nouveau stade communal du Mambourg. Bien que le
site soit dédié au football depuis 1923, les tribunes ne seront aménagées qu’en 1939. Ce nouveau stade, plus grand et plus moderne,
devrait permettre au Sporting de continuer sa progression. Comptant environ 22.000 places, il est doté d’une grande tribune assise
(avec une toiture sans pilier au milieu des gradins, ce qui était révolutionnaire à l’époque), une grande tribune debout couverte de
l’autre côté du terrain et des gradins derrière chaque but. Ce nouveau stade tient son nom du charbonnage qui s’y tenait quelques
années auparavant, le Charbonnage du Mambourg.
Le Sporting devra tout de même attendre 1947 pour enfin accéder à la Division 1 mais le club retombera en Division 2 au terme
de la saison 1956-1957. Par la suite, le club alternera entre la D1 et la D2 et devra attendre 1985 pour rester dans la plus
haute division, sauf en 2011-2012. Ses seuls faits d’arme sont une place de vice-champion en 1969 et deux finales perdues de Coupe
de Belgique en 1978 et 1993. Les Zèbres participeront quelques fois à la Coupe d’Europe (Villes de Foires, UEFA et Intertoto)
mais avec des résultats décevants : 9 victoires, 3 nuls et 8 défaites.
Si le Sporting peut s’enorgueillir d’être le doyen des clubs carolo, l’Olympic peut se targuer d’être le premier club à voir réellement
du succès à Charleroi. Le club est créé le 20 septembre 1911 sous le nom de Olympic Club Caroloregian Lodelinsart et pendant 11 ans,
le club devra attendre avant de s’installer définitivement dans son nouveau stade de La Neuville en 1922. En 1926, le club reçoit le
matricule 246.
Gravissant très vite les échelons du foot belge, le club arrive en Division 1 en 1937 et ne connaitra sa première relégation qu’en 1955.
Toujours en 1937, La Neuville s’agrandit et devient un stade moderne de 30.000 places. Comme souvent, le stade se compose d’une grande
tribune assise, d’une tribune debout couverte de l’autre côté du terrain et de gradins ceinturant la pelouse derrière les buts. Enfin,
et encore en 1937, le club adapte son nom lors de l’attribution de son titre de « Société Royale » en Royal Olympic Club Charleroi.
L’Olympic défraie la chronique en trustant les plus hautes marches de la D1 dès ses premières années en terminant régulièrement
entre la troisième et sixième place. Le titre de vice-champion de Belgique lui est même décerné en 1947. Hélas, le club ne décrochera
jamais la première place et retombera progressivement dans l’anonymat et l’instabilité. Seules deux saisons seront encore disputées
en Division 1 : 1967-1968 et 1974-1975. Depuis, le club végète le plus souvent entre les troisième et quatrième divisions.
Entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et les années 70, les stades du Mambourg et de la Neuville n’évolueront pas. Tout juste, ces enceintes bénéficieront de l’éclairage artificiel mais c’est tout. Cela s’explique facilement : le stade du Sporting est relativement récent et convient encore parfaitement tandis que la rentrée dans le rang du matricule 246 empêche toute rénovation et même tout entretient du vieux stade de La Neuville.
Il faudra attendre le milieu des années 70 pour voir la rénovation de la tribune principale de La Neuville et même 1992 pour
l’installation des business-seats dans cette même tribune. Si ce nouvel aménagement est bénéfique pour les finances du club, la
tribune perd la grande majorité de ses places assises et est passablement défigurée.
Les autres tribunes reste inchangées depuis 1937. Peu à peu, et pour des raisons de sécurité, la capacité passe de 30.000 à 18.000 places.
Le Sporting, lui, bénéficie d’un stade bien entretenu. Le club cède à la mode des business-seats vers 1985 et transforme profondément
sa tribune assise : le bâtiment est étendu sur toute la longueur du terrain, deux étages sont ajoutés (l’un avec les business-seats et
l’autre avec des places assises extérieures) et une nouvelle toiture couvre le tout. La tribune originelle est toujours présente au
centre du nouveau bâtiment.
La qualification du Sporting pour la Coupe UEFA en 1994 oblige les autorités communales à rapidement aménager le Mambourg. En effet,
si le Sporting veut jouer ses rencontres européennes dans son stade, le nombre de siège doit être augmentés et le nombre de places
debout diminué. Ainsi, les gradins situés derrière chaque but sont transformés en tribunes assises et couvertes. La capacité d’accueil
est alors de 18.000 places.
Au milieu des années 90, l’Euro 2000 est attribué conjointement aux Pays-Bas et à la Belgique. Les plus grandes villes des deux
pays se portent candidates pour accueillir quelques matches de cette compétition majeure. Charleroi ne veut pas rater le coche
et mise logiquement tout sur une rénovation en profondeur du Mambourg.
Le projet est simple : la tribune principale reste inchangée tandis que sur les trois autres côtés seront érigés de nouvelles
tribunes assises avec une toiture assez particulière. Le stade étant coincé dans un tissu urbain très dense, les possibilités
d’extensions sont limitées. Pour atteindre une capacité minimale de 30.000, l’architecte Paul Petit conçoit des tribunes tout
en hauteur et couvertes d’une toiture soutenue par des énormes poutrelles d’acier posées sur des pylônes aux quatre coins du
terrain. Ainsi, l’ex-tribune debout possédera trois étages et aura une hauteur vraiment impressionnante. Afin de ne pas porter
trop d’ombre aux habitations voisines, le troisième étage sera démonté après le tournoi et sera installé au nouveau vélodrome de
Gilly, en banlieue. Le stade disposera alors de 24.891 places assises et couvertes. Enfin, l’Olympic devra y déménager,
contraint et forcé.
Le stade change alors de nom et devient le Stade du Pays de Charleroi.
Après le tournoi, en 2003, le Mambourg accueille le club de La Louvière pour qu’il puisse disputer son match de Coupe d’Europe
contre Benfica (Portugal) suite à sa victoire en Coupe de Belgique, le Stade du Tivoli à La Louvière n’étant pas apte à
accueillir un match européen.
Malheureusement, nous sommes à Charleroi et les choses ne s’y passent jamais légalement.
Le permis de bâtir pour la rénovation sera suspendu puis annulé par le Conseil d’Etat. De nombreuses irrégularités y seront
découvertes et la gestion frauduleuse du patrimoine sportif de la Ville sera englobée dans ce que l’on appelle les « Affaires
judicaires de CharleroiNote ».
Des responsables politiques socialistes éclaboussés par ce scandale, trois auront une part prépondérante dans la rénovation
du stade en vue de l’Euro 2000 : les bourgmestres Jean-Claude Van Cauwenberghe et Jacques Van Gompel, ainsi que l’échevin des
sports Claude Despiegeleer. Tous seront condamnés par la justice. Cette même justice somme la ville de Charleroi de raser les
tribunes litigieuses (donc les plus récentes) sous peine de lourdes astreintes.
Ainsi donc, la ville de Charleroi doit impérativement réduire la taille du Mambourg pour éviter une démolition totale et immédiate.
Les seconds niveaux des nouvelles tribunes sont donc démolis tout comme la toiture si particulière. Les tribunes se retrouvent
sans couverture mais les travaux terminés à temps permettent au Sporting de débuter la saison 2012-2013 dans un stade amputé
mais « légal ». Le nombre de places chute à 14.891.
Très vite, la nécessité de reconstruire une toiture sur l’ensemble des tribunes apparait aux yeux de tous. Mais des délais et
budgets serrés empêcheront de concevoir un ensemble cohérent et beau.
Plutôt que de reprendre le même système que lors de la rénovation pour l’Euro 2000 (une toiture suspendue aux quatre pylônes),
c’est une technique datant du début du XXe siècle qui est retenue. De nombreux poteaux seront plantés devant les gradins afin de
soutenir le toit. Le Mambourg acquière alors la physionomie d’un stade d’avant-guerre.
Le Sporting ayant retrouvé des ambitions européennes demande au même moment à la ville de mettre le stade en conformité des
exigences de l’UEFA. Progressivement, tous les sièges rouges (ou bleus) sont remplacés par des sièges noir et blanc. Cette
rénovation ratée aura au moins le mérite de donner à l’enceinte du Sporting un visage plus en adéquation avec son identité.
Pendant ce temps-là, du côté de la Neuville, les affaires se dégradent de plus en plus pour l’Olympic.
Pourtant, le club avait réussi à remonter en deuxième division mais la gestion catastrophique des finances du club conduit
celui-ci au bord de la faillite plusieurs fois. La situation est tellement critique en 2012 que l’on pense que la saison 2011-2012
sera la toute dernière du matricule 246. La radiation est cependant évitée de justesse grâce à la volonté des supportes des Dogues.
Une fusion entre le ROCC et la Royale Association Marchiennoise des Sports (matricule 278) aurait dû offrir à l’Olympic de
nouvelles ambitions mais la sauce ne prit pas.
En 2019, une nouvelle fusion inutile est faite cette fois avec le Royal Châtelet-Farciennes Sporting Club (matricule 725). Lors
de cette fusion, la cession de patrimoine est jugée non-conforme par la fédération et envoie l’Olympic Charleroi Châtelet Farciennes
(le nouveau nom du club) dans les séries provinciales. Une nouvelle catastrophe pour le vieux club centenaire...
Le club parvient tout de même à s’extirper de la provinciale mais le futur ne s’annonce pas radieux pour autant.
Quant au stade, une première fermeture intervient en 2008 lorsque l’on découvre l’état dangereux d’une tribune. Celle-ci est
rapidement démolie et est remplacée par un simple talus engazonné.
L’année suivante, l’éclairage obsolète est totalement rénové. Mais cette nouvelle installation est montée sur les pylônes d’origine,
qui accuse un grand âge. En 2010, une nouvelle fermeture est ordonnée suite à la menace d’effondrement de ces pylônes. Les vieux mâts
sont démontés et remplacés par de nouveaux.
Peu de temps après, c’est le toit des business-seats qui s’effondre. Nouvelle fermeture et nouveaux travaux d’urgence.
L’Olympic a toujours refusé de déménager dans l’antre de son rival après l’Euro 2000. N’étant pas propriétaire de ses installations
l’Olympic ne peut que constater le manque d’entretien de son stade. Depuis, le stade est de nouveau ouvert mais son avenir est plus qu’incertain.
Un nouveau stade aurait dû voir le jour du côté de Marchienne si la Belgique (ainsi que les Pays-Bas) avait obtenu l’organisation
de la Coupe du Monde 2018. Cette nouvelle installation aurait compris 44.000 places (réduites à 25.000 après le tournoi) et aurait
été au cœur d’un site dédié au sport. Son nom aurait été « La Porte des Sports ». Le Sporting et l’Olympic auraient été invités à y
déménager.
Mais dès le début, la direction du Sporting afficha un refus catégorique. De plus, l’organisation de la Coupe du Monde 2018 a
été « offerte » à la Russie. Le projet est donc mort-né.
Plus récemment, un nouveau projet de stade pour le Sporting a vu le jour. Erigé à l’emplacement du projet précédent, le nouvel
antre du RCSC comprendrait cette fois 22.000 places et serait inauguré en 2024.
Si cette entreprise arrive à son terme, le sort du Mambourg sera scellé et le vieux stade aura accueilli le Sporting pendant 85 ans.
Quant à l’Olympic, il ne semble pas que ce club soit associé au projet.
Si l’avenir apparait serein pour le Sporting, l’Olympic a des raisons de s’inquiéter pour son avenir...
Le stade de La Neuville, à ses débuts. 30.000 places pour un club très populaire dès le début.
La tribune assise, envahie par les business-seats.
La tribune latérale, fief du kop carolo.
La tribune de but survivante. L’autre a depuis été démolie.
Au fond, la tribune détruite.
Des installations certes vieillottes mais qui ont un charme certain.
Un pylône tout juste équipé de ses nouveaux projecteurs. Un an plus tard, ces pylônes ont dû être démontés en urgence.
Le vieux stade a un avenir plus qu’incertain.
A quelques centaines de mètres, le stade de l’ennemi.
Le Mambourg, dans un quartier pas encore saturé d’immeubles.
La belle façade Art Déco, perdue lors de la modernisation de la tribune dans les années 80.
La toiture d’origine, dont le principe sera repris pour la reconstruction en 1999.
La tribune debout, où se trouvaient les supporters les plus chauds du Sporting.
Les deux tribunes de buts, reconstruites pour la Coupe d’Europe en 1994.
Le Mambourg, à la veille des grands travaux. Capacité : 18.000 places.
La nouvelle façade du stade. Adieu à l’esthétisme...
Le Mambourg, fin prêt pour l’Euro 2020.
L’immense tribune 3. Le troisième niveau sera démonté après le tournoi et remonté au vélodrome de Gilly.
Le stade après le tournoi. Capacité : 24.891 places.
Pourquoi des sièges rouges ? Pour rappeler la mainmise du Parti Socialiste sur Charleroi depuis une éternité ?
Le tribune 3. Même sans son troisième niveau, elle reste une construction unique.
La tribune principale. Le bâtiment d’origine est toujours présent, sous les sièges bleus.
Les astuces de construction du stade.
La tribune 2, réservée aux visiteurs.
Le Mambourg post-Euro 2000 était un stade moderne et agréable. Dommage qu’il ait été construit sans respecter la loi.
Le stade amputé de ses toitures et seconds étages.
Les nouvelles toitures ridicules.
Au moins, les sièges sont noirs et blancs désormais.
La tribune principale a elle aussi eu droit à de nouveaux sièges rappelant le symbole du club, le zèbre.
Un stade bricolé pour une équipe en mal de trophées...
Le projet pour la Coupe du Monde. Il paraît que c’est beau...
44.000 places, puis 25.000. Le même scénario que pour le Mambourg et l’Euro 2000. Projet annulé.
Le dernier projet. Ouverture escomptée en 2024.
La mention "l'Olympic n'a pas les moyen d'entretenir son stade'" est totalement inexacte. La cause de cette erreur est simple: le club n'est pas propriétaire des installations au contraire de la Ville de Charleroi.
Passage modifié.