Bref historique des stades et des clubs de football qui ont existé dans la ville de Tournai.
Pour une fois, il ne s’agit pas de clubs prestigieux, mais plutôt de deux clubs sympathiques qui ont fini par
disparaitre, avec leurs stades respectifs.
Honneur au doyen des clubs de Tournai, nous commencerons donc par l’US.
Fondée en 1903 et dotée plus tard du matricule 26, le club rouge et vert jouera dès le début sur un terrain
dénommé « Plaine des Hôpitaux ». Ce nom est somme toute logique vu la proximité des hôpitaux civil et militaire de la ville.
Quand le stade commencera à être aménagé dans les années 1920, il prendra le nom de Stade Gaston Horlait, nommé en l’honneur
du président du club et, plus tard, résistant durant la Seconde Guerre Mondiale. Il mourra en 1948. Bien plus tard, l’enceinte
sera de nouveau renommée en Stade Magdeleine Lefebvre, du nom de la marraine du club et secrétaire des pompiers de la
ville, il est d’ailleurs très rare qu’un stade de football soit nommé en l’honneur d’une femme.
Pouvant accueillir 10.000 spectateurs, le stade de l’Union a l’avantage d’être présent tout près du centre-ville. Mais il a
aussi l’inconvénient de se situer à côté de l’hôpital. Quand tous les hôpitaux de la ville ont décider de fusionner, c’est ce
site qui a été choisi, et forcément, l’hôpital déjà existant doit être fortement agrandi. Cela se fera au détriment du foyer de l’US.
Le stade se compose de plusieurs tribunes : la principale (et la seule proposant des places assises), trois tribunes debout
couvertes (deux de part et d’autre de la tribune principale et une autre de l’autre côté du terrain) et enfin des gradins à
ciel ouvert derrière l’un des buts, l’autre côté n’ayant aucune tribune.
Quant au club lui-même, l’US n’arrivera en Division 1 qu’en 1951 et y restera… une seule saison. Sportivement, il s’agit du
seul fait d’arme significatif de l’Union mais pendant cette saison, le Stade Gaston Horlait affiche souvent complet avec
10.000 spectateurs présents.
Le reste du temps, le matricule 26 voguera entre la Division 3 et la Promotion, avec quelques stages en Division 2 ou en Provinciale.
Durant ses 99 ans de présence en tant que telle, l’Union sera présente en séries nationales durant 90 saisons.
Bien entendu, avec ce niveau sportif assez modeste, le petit stade sera grandement suffisant et ne sera jamais modernisé ou agrandi.
La seule amélioration sera l’installation d’un éclairage artificiel.
À la fin de son existence, le stade faisait peine à voir cependant. Propriété de la ville de Tournai, celle-ci n’a pas beaucoup
investi pour y assurer un entretien minimum.
Fondé en 1908 et ayant le matricule 36, le Racing a certes passé moins de temps en séries nationales (73 saisons tout de même),
n’aura également connu la D1 que durant une seule saison (en 1958) mais pourra se targuer d’avoir réalisé l’exploit d’avoir
remporté la Coupe de Belgique alors que le club jaune et noir évoluait en Division 2. La finale disputée contre le
Royal Club Sportif Verviers (futur Champion de D2 cette saison-là) et devant seulement 11.000 spectateurs perdus dans
l’immense Stade du Heysel déplaira quelque
peu aux « grands » clubs qui boudèrent la Coupe de Belgique dès la saison suivante. Il faudra attendre la création par l’UEFA en
1961 de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe pour que la Coupe de Belgique ne prenne définitivement son essor et soit
disputée chaque année.
Quant au Racing, il restera le seul vainqueur hennuyer d’un trophée national jusqu’en 2003 avec la victoire de
l’AA La Louvière (contre Saint-Trond VV). De même, il restera le seul club de D2 à avoir remporté la Coupe de Belgique,
jusqu’en 2019, avec la victoire du FC Malines (contre La Gantoise).
Des temps en temps, les petits poucets arrivent à terrasser les géants.
Côté terrains, le Racing déménagera plusieurs fois avant de se fixer dans son stade fétiche.
Bien que fondé en 1908, le Racing attendra 1911 avant de disputer ses premiers matches officiels. Jusqu’en 1923, le club jouera
sur divers terrains : à la chaussée de Douai entre 1908 et 1911, à la rue de la Culture entre 1911 et 1919 et au Stade Prior
à la rue des Sorbiers entre 1919 et 1923. En 1923, le club acquit un terrain sis Drève de Maire et y construira son stade définitif.
Le club y construit donc un stade de 10.000 places composé d’une tribune principale assise le long de la Drève de Maire et
comprenant les vestiaires, un club-house et les bureaux, une grand tribune debout couverte de l’autre côté du terrain,
et des gradins en cendrée derrière les buts et sur les côtés de la tribune principale. Comme pour le Stade Gaston Horlait,
la seule véritable modernisation consistera en l’installation de huit pylônes d’éclairage.
Bien qu’assez petit, le stade est agréable. Hélas, l’entretient nécessaire faisant défaut, le stade aura un triste visage
à la fin de son existence.
Un petit bâtiment et une partie du mur d’enceinte ont survécu jusqu’en 2008. De nos jours, le seul vestige du stade est un beau poteau de clôture.
Comme souvent, quand l’on retrouve deux clubs de football dans une même ville, ceux-ci ont des origines politiques bien
différentes. Ainsi, l’Union était le club de la bourgeoisie libérale et anticléricale, tandis qu’au Racing, les
supporters et dirigeants était issus du milieu catholique.
Tout a long de l’existence de ces deux clubs, on était soit unioniste, soit racingman et il était hors de question de
passer à l’ennemi. Toute idée de fusion entre les deux clubs était bien entendu une hérésie.
Les derbys étaient devenus le moment phare du football tournaisien et il n’était pas rare que les deux stades soient bondés
lors de ces rencontres si spéciales. Avant ces matches, les supporters se rendaient chez l’ennemi héréditaire en cortège et
en fanfare. Même si la rivalité était grande, elle tenait plus du folklore que d’une guerre idéologique, mais la passion était bien réelle.
Le temps passant, les deux clubs ont cependant commencé à réaliser que le seul moyen de ramener le football tournaisien
sur la voie du succès passait peut-être par cette fusion longtemps honnie.
Les finances des deux clubs devenaient de plus en plus difficiles à gérer, le public boudait les travées des stades (sauf pour
les derbys), les stades devenaient plus que vétustes et les deux clubs ne parvenaient plus à évoluer plus haut que la Division 3.
Bref, peu de perspectives d’avenir.
Chapotées par la Ville de Tournai, plusieurs rencontres seront organisées entre les deux ennemis et une fusion est finalement
entérinée le 1er juillet 2002.
Le nouveau club gardera le matricule 26 de l’Union (le matricule 36 du Racing étant radié), les couleurs seront le rouge de
l’Union et le jaune du Racing et un nouveau stade sera édifié par la Ville pour cette nouvelle entité. En attendant que cette
nouvelle enceinte soit prête, le désormais Royal Football Club Tournai continuera d’évoluer au Stade Magdeleine Lefebvre,
la Drève de Maire étant elle totalement abandonnée.
Sportivement, le succès ne sera pas au rendez-vous.
Deux ans après la fusion, le club coalisé retombe en Promotion. Heureusement, il n’y reste qu’une saison et parvient enfin
à retrouver le Division 2 en 2007. Las, l’aventure dans l’antichambre de l’élite ne durera que quatre saisons (avec une qualification
pour le Tour Final tout de même), et depuis 2011, le club navigue entre les troisièmes et cinquièmes niveaux du football belge.
Autant dire que le « nouveau » club se retrouve dans la même situation que l’Union et le Racing quelques années auparavant.
Si sportivement la situation n’a guère changé, au niveau du public, par contre, l’état de choses a encore empiré. Les supporters
des deux clubs ont du mal à s’identifier à ce nouveau club artificiel : peu de succès sportif, une nouvelle identité sans passé
et un nouveau stade mal pensé.
Construit en moins d’un an, le Stade Luc Varenne (du nom d’un célèbre commentateur sportif de la RTBF et originaire de Tournai)
et bien que répondant parfaitement aux normes les plus strictes, cette nouvelle enceinte est située loin du centre-ville, contrairement
aux deux anciens stades. En fait, la ville a récupéré les anciens terrains d’entrainement du Racing pour y bâtir le nouveau stade.
Bien desservi par l’autoroute et une route nationale, le site ne manque pas de places de parking, contrairement au stade de l’Union.
Mais ce nouveau site se trouve quasiment en rase campagne et l’agencement très ouvert des tribunes font que ce nouveau stade est
très froid, contrairement aux deux vieux stades. Peu de public et un stade ouvert aux quatre vents ne peuvent pas produire une
ambiance qui donnerait aux supporters l’envie de se rendre au Varenne.
Pourtant, le stade ne manque pas d’atouts : 7.552 places, une belle tribune principale avec 2.752 places assises (ainsi que
des loges et des espaces exploitables commercialement), une tribune debout couverte de l’autre côté du terrain et de petits
gradins derrière les buts. Des bonnes infrastructures qui permettront même au Stade Luc Varenne d’abriter plusieurs
matches (dont la finale) du Championnat d'Europe de football des moins de 17 ans en 2007.
Mais pour le FC Tournai, les affluences restent basses, et surtout, il n’y a plus de derby pour alimenter la passion des supporters.
Nonobstant le temps passé, la nostalgie être toujours bien vivace à Tournai. Pour preuve, un match officieux est organisé en 2022
entre les vétérans du RC et de l’US au Stade Luc Varenne. Ironiquement, cette rencontre a déclenché plus de ferveur que les matches
de championnat du FC.
De même, une « nouvelle » Union Sportive a été créée en 2016. Pour se faire, le club de Vaulx, un village de l’entité de Tournai
(fondé en 2010 et avec le matricule 9554) a déménagé dans la Cité des Cinq Clochers et a adopté un nouveau nom : le Renouveau
Union Sportive Tournaisienne.
Ce constat n’est pas valable que pour le RFC Tournai. La majorité des petits clubs ne peuvent plus se permettre de rêver de la D1 comme par le passé. Il y a tellement de contraintes financières et matérielles que vouloir monter à tout prix se solde souvent par la disparition d’un petit club trop ambitieux. Ce qui était possible par le passé ne l’est plus de nos jours. À moins d’être racheté par un émir du Golfe, mais cela ne dure qu’un temps et plus dure sera la chute !
Pourtant, le Stade Luc Varenne peut facilement être agrandi et devenir un stade digne de la Division 1. Mais pour y faire quoi ?
Posséder un palmarès bien garni, une bonne base de supporters et une bonne réputation ne suffit plus. Il suffit de voir les exemples
récents de Lokeren ou du Lierse pour le comprendre,
ces deux clubs bien connus ayant été radiés. Inutile de préciser que pour un club comme Tournai, la volonté de monter en D1 ne serait
qu’un aller simple vers l’enfer. Les petits clubs comme le RFC Tournai doivent se contenter de rester à leur niveau et de former
de bons jeunes joueurs. Le système actuel ne permet plus à un petit poucet de rêver du top.
Le Stade Gaston Horlait il y a bien longtemps.
À guichet fermé, lors d’un match contre le White Star Lauwe en 1976.
Au début des années 2000, avec la tribune principale au centre et les deux tribunes debout de part et d’autre.
Après le départ du RFC Tournai pour le Stade Luc Varenne, le vieux stade sera abandonné et livré aux vandales.
Fini l’ambiance des jours de match.
La grande tribune debout, en mauvais état depuis des lustres.
Le site sera bientôt rasé pour permettre l’extention de l’hôpital visible en arrière-plan.
Triste fin...
Le mur d’enceinte a résisté quelques années encore. Désormais, il ne reste plus rien du Stade Magdeleine Lefebvre.
Le Stade la Drève de Maire, où l’on peut voir la tribune principale après un match du Racing.
La grande tribune debout en 1981, avec les équipes de jeunes du club.
L’un des derniers matches à la Drève. Le stade n’est déjà plus qu’une ruine brinquebalante.
Abandon définitif. Bon, je peux l’avouer, il y a prescription : j’ai tenté de resquiller pour voir un match à la Drève
Peu avant la disparition du stade. Il sera remplacé par une caserne de pompiers, dont il faut le rappeler, la secrétaire était la marraine des ennemis de l’Union. Ironie quand tu nous tiens...
Le Stade Luc Varenne, inauguré en 2003. On change de style par rapport aux anciens stades.
La tribune principale. Il parait que l’on y jouit d’une vue imprenable sur la Cathédrale Notre-Dame. Indispensable pour un stade de foot.
La tribune debout, partagée entre les locaux et les visiteurs.
Les gradins derrières les buts.
Un agrandissement peut être facilement effectué mais il y a peu de chances que cela soit justifiable un jour...
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