Félicitations, ami lecteur ! Tu viens de remporter un point GTI ! Mais, mais, mais, que vois-je ?
Non, ami lecteur, tu gagnes un double point GTI ! Toutes mes félicitations !
Là, faut s'imaginer le plateau du Juste Prix avec la foule en délire, le présentateur sous acide, le candidat au bord de la crise
cardiaque et tout plein de lumières clignotantes...
Le candidat en question aurait pu être l'État Belge et la région wallonne. L'État pour avoir construit ce mastodonte de béton qui
ne fonctionnera que quinze petites années, et cette chère région socialiste... pardon, wallonne, pour l'avoir à moitié restauré pour rien.
Retour en arrière...
Au sortir de la dernière guerre, les braves américains nous subsidient à coup de dizaines de milliards de dollars via le Plan Marshall
(le vrai, pas l'ersatz) parce qu'on est européens (donc des gentils), que tout a été détruit chez nous (faut que les entreprises US
gardent leurs clients) et surtout pour éviter que nos bonnes démocraties ne tombent sous l'influence de l'URSS.
L'argent coule donc à flots (et le grand gagnant sera le Royaume-Uni, allez savoir pourquoi...) et nos décideurs pensent, une nouvelle fois,
avoir une idée de génie : construire un triage-lavoir à charbon. En quoi cela consiste-il ? À laver et trier le charbon extrait des mines
du coin (sans blague...).
Il en existait déjà dans notre pays, mais il fallait faire étalage de notre savoir-faire. On conçoit donc en 1954 un monstre de béton de
30 mètres de haut pour lequel on coulera 7500 m³ de béton, 1000 tonnes d'acier et 72.000 m² de coffrage seront nécessaires et une surface
vitrée de 3500 m². L'automatisation sera poussée à son extrême et il ne faudra guère que quelques 50 ouvriers pour faire tourner la machine.
Malheureusement, ce qu'avaient oublié nos petits génies, c'est que l'industrie minière était déjà en déclin et que les mines aux alentours
étaient déjà condamnées en 1956. L'ouvrage sera donc totalement abandonné en 1969.
D'années en années, le bâtiment se dégrade, on parle de le raser et il est finalement classé monument historique. En effet, il n'en existe
pas d'autres en Belgique ou en France.
En 2005, la région wallonne englouti quelques dizaines de millions pour une reconversion. Au choix, cela sera un dépôt d'archives
du Royaume ou une bibliothèque. On rafraichit les façades, on remplace tous les châssis (3500 m² pour rappel, et en double vitrage)
et... c'est tout. Après un début de renaissance, le colosse est de nouveau livré à lui-même.
Je vous convie donc à la visite d'un labyrinthe sur 35 niveaux.
Un bon sens de l'orientation est requis.
Le petit nombre d’ouvriers employés par le lavoir-triage est confirmé par le nombre restreint de douches.
Des sanitaires en bon état, c’est rare.
La salle électrique.
On commence l’ascension.
Parfois, un peu de rouille vient égayer la monotonie de l’endroit.
La qualité du béton n’est pas uniforme partout. Si la structure générale est très solide, certaines poutres font peine à voir.
J’aurais dû prendre un plan...
Ouverture sur le monde.
Saut de mouton.
L’une des cuves où était lavé le charbon.
Celle-ci a gardé ses dents. Attention...
Difficile à reconvertir.
Je n’irai pas plus haut : vent, vertige et manque de discrétion. Et surtout, vertige.
Les alentours restent constellés de terrils.
Au loin, l’un des remplaçants du charbon, comme une provocation.
On termine par où le charbon traité repartait : la gare.
Bel escalier hélicoïdal.
Au revoir au colosse.
Soyez le premier & devenez quelqu’un de bien • Be the first & become a good person