Bienvenue au pays du temps suspendu.
La minuscule ville de Damme est intimement liée à Bruges. Si la Mer du Nord a apporté à ces deux villes puissance,
richesse et renommée, c’est aussi cette même mer qui les fera péricliter quand elle se retira des basses terres et
provoquer ainsi l’ensablement du ZwinNote1.
Damme sera bâtie au XIe siècle à l’arrière d’une digue protégeant l’arrière pays des raz-de-marée qui, à l’époque, étaient
dévastateurs. Une légende raconte que des terrassiers, occupés à boucher sans succès une brèche dans cette digue, prirent un
chien, qui depuis plusieurs jours hurlait à la mort, et le jetèrent dans le trou. Après cette action ils sont parvenus à boucher
le trou. Le nom et le blason de la ville vinrent de cette légende.
Le premier nom de Damme fut d’ailleurs Hondesdamme (« la digue du chien » rapidement raccourci en « la digue »). Les noms de plusieurs
villes de la région sont en rapport direct avec les ouvrages d’art hydrauliques : Bruges (Brug, « le pont »), Sluis (« l’écluse »),
Retranchement, Sas van Gent (« le sas de Gand »).
Les armes de la ville de Damme :
On y voit le chien légendaire
à l’origine du nom de la ville.
Damme devint donc l’avant-port de Bruges, qui était le grand centre de commerce du nord de l’Europe durant les XIVe et XVe siècles.
Grâce à cette situation exceptionnelle, la petite cité obtint des droits d'étape exceptionnels pour les vins de Poitou et du Rhin,
ainsi que pour le hareng. La ville devint le centre de commerce pour le vin en Flandre. Toutes les villes, les abbayes, les seigneurs
de Flandre, du Brabant, du Hainaut et autres vinrent acheter leurs vins à Damme.
Autre témoignage de la renommée de la ville, le mariage de Charles le Téméraire avec sa troisième femme, Marguerite d'York, fille du
duc Richard d'York et sœur de deux rois successifs Édouard IV d'Angleterre et Richard III d'Angleterre. C’était le 3 juillet 1468.
Cette prospérité se retrouve encore de nos jours dans le grand nombre de personne portant le patronyme de van Damme.
Jacob van MaerlantNote2 finira d’assoir définitivement la renommée de Damme au Moyen-Age.
Toute comme sa puissante voisine, la ville de Damme tombera en léthargie suite à la fermeture du Zwin. Sluis reprendra son rôle
dès le XVe siècle.
En 1616 des fortifications bastionnées furent construites autour de la ville et Damme devint une ville de garnison. Les vestiges de
ces fortifications entourent encore la ville de nos jours.
Une tentative désespérée de Napoléon en 1811 pour rendre à Bruges un accès direct à la mer sera le creusement du canal qui traverse aujourd’hui la ville. Malheureusement, ce canal n’ira pas plus loin que Sluis et demeurera inutile.
Si Bruges a pu sortir de l’oubli grâce eu roman Bruges la morte de Georges
RodenbachNote3 à la fin du XIXe siècle, Damme retrouvera aussi une
partie de sa splendeur passée grâce à un roman. Charles De Coster publie en 1867 La légende de
Tijl UilenspiegelNote4. La cité devint lieu de pèlerinage littéraire
et le pays redécouvrit, avec étonnement, ensevelis sous des siècles d’oubli, une cité d’un luxe déconcertant.
Damme deviendra donc un lieu du tourisme incontournable. Avec ses bienfaits et ses inconvénients. Comme partout, la voiture
règne en maître dans le centre-ville, dénaturant quelque peu son charme désuet, ses vieilles bicoques d’un autre âge et son
isolement au milieu des polders flandriens.
Mais la petite cité a précieusement gardé intacte ses plus beaux fleurons architecturaux : l’hôtel de ville, la Huyse de Grote Sterre,
l’hôpital Saint-Jean et l’église Notre-Dame, immense vaisseau de brique échoué aux limites de la ville.
Une fois n’est pas coutume, commençons par une carte. Le tracé des anciennes fortifications est clairement visible sur cette image satellite. La ville est coupée nette en deux par le canal Napoléon.
Sur les rives du canal Napoléon. Au fond, l’église Notre-Dame de Bruges.
Le vieux moulin, sauvé de la ruine en 1967.
En hiver, le canal gelé fait la joie des patineurs. Sinon, il laisse passivement se refléter le paysage.
Planté tel un phare, l’imposant clocher de l’église Notre-Dame.
Dire que ce lieu fut un centre commercial européen de premier ordre. On a peine à y croire de nos jours.
L’interminable et inutile canal en direction de Sluis.
Le Prévôté Saint-Christophe (XVIIIe siècle), aujourd’hui isolé du reste de la ville par le canal.
Le seul bateau à arpenter le canal, à la belle saison.
Statue de Jacob van Maerlant, sur la Grand’Place et tournant le dos à l’hôtel de ville.
Le clocheton de l’hôtel de ville. Il abrite les deux plus vieilles cloches des Flandres (1392 et 1398), ainsi qu’un carillon. L’horloge serait la plus ancienne de Belgique (1459).
L'hôtel de ville. Construit en pierre en 1464 en style gothique brabançon. Restauré entre 1978 et 1982.
Accrochées au coin du bâtiment, les curieuses pierres de justice. Les femmes condamnées devaient porter ces pierres comme pénitence. Quant aux hommes, ils étaient attachés au pilori, entretemps disparu.
La Huyze de Grote Sterre depuis l’entrée de l’hôtel de ville. Il s’agit en fait de deux maisons réunies au XVIIe siècle.
Les maisons datent du XIIIe siècle mais de nouvelles façades en briques furent construites au XVe siècle. Le roi d’Espagne en fera une possession privée lors de l’invasion en 1615.
Ruinée par un long abandon, la façade s’effondre en 1992. Une reconstruction avec les matériaux d’origine lui rendra son éclat juste après. On y trouve de nos jours l’office du tourisme.
La Grand’Place.
Antique petite maison dans la Pottenbakkersstraat. Cette ruelle mène au Marché aux Harengs.
Le Haningmarkt. De la frénésie du marché aux hareng de l’époque, il ne reste plus que cette placette paisible.
Il est loin le temps où la ville abritait les marchands venus des quatre coins de l’Europe...
Le vénérable hôpital Saint-Jean, fondé en 1249.
Du complexe d’origine, il ne nous reste plus que la chapelle romane.
Emergeant des toits de la ville, l’immense vaisseau de l’église Notre-Dame.
Toute l’histoire de la ville est résumée ici. De l’église trop petite puis agrandie, survint la déchéance et la ruine d’une église devenue subitement trop grande.
L’abside de Notre-Dame. Les grandes fenêtres ne furent percées qu’au début du XXe siècle.
L’influence du gothique tournaisien est bien visible sur le chevet plat des chœurs latéraux.
Le chevet de Notre-Dame et la Kerkstraat.
L’église et les vestiges de la Onze-Lieve-Vrouwepoort, du XVIIe siècle.
Un des fossés entourant les anciennes fortifications. Ils ne sont plus, de nos jours, que de paisibles ruisseaux serpentant à travers les champs.
Les derniers gardiens de la ville : les vannes contrôlant le niveau des fossés des fortifications.
L’église séparée de sa tour, échouée au bord d’une ville à la gloire perdue.
Aux limites de l’ancienne ville. Au XXe siècle, la démographie a légèrement repris et quelques nouveaux quartiers se sont établis à l’extérieur de l’enceinte.
Quand la ville et la nature font bon ménage. Damme est entouré par une ceinture verte.
La tour de l’église qui sonna le mariage de Charles le Téméraire et Marguerite d'York en 1468.
Sous la tour de l’église. La grande fenêtre murée éclairait autrefois l’intérieur de la nef.
Le monument funéraire de Jacob van Maerlant.
L’hôpital Saint-Jean depuis le cimetière.
Au pied de la tour. Elle se dresse ainsi fièrement depuis plus de huit siècles.
L’ancien parvis de l’église.
L’état des maçonneries n’est pas des meilleurs...
Le vaisseau de l’église muré depuis la disparition du transept et de la nef.
Le paisible enclos de l’église.
Constituant, avec la nef, l’élément le plus ancien de l’édifice, elle a été érigée en 1225. Elle possédait à l’origine une flèche et quatre clochetons d’angle.
Ses seules ouvertures sont les ouïes de l’étage des cloches. Cela rend son aspect sévère et peu engageant.
La tourelle d’accès au clocher.
Le mélange des matériaux de la base laisse place libre à la brique à partir du premier étage.
Le retrait progressif des solides contreforts de la tour.
Pointant vers un ciel typiquement automnal.
Ses seules décorations sont des arcades aveuglent qui égaiement quelque peu le monument.
L’étage des cloches en gros plan. Une bonne restauration serait la bienvenue.
Seules les ouïes de la face sud ont des arcades en arc brisé et un petit oculus surmontant le tout. Le monde moderne l’a affublé de gracieux relais GSM.
La tour, les ruines et l’église actuelle depuis le cimetière.
Les triplets de l’ancienne nef, d’inspiration tournaisienne.
Le transept vu depuis une allée du cimetière.
Les dernières maisons de la ville par-dessus les anciennes fortifications.
L’église actuelle. Le chœur d’origine (les deux travées de gauche) date de la fin du XIIIe siècle. L’agrandissement de 1340 (travées de droite) rendra le chœur plus long que la nef.
Les ruines de la nef.
Les Gueux pillèrent l’édifice en 1578.
Entre 1621 et 1626, l’église est restaurée.
Mais rapidement, l’entretient du monument coûta trop cher. L’ensablement du Zwin provoquera une fuite de la population.
La population était passée de quelques 6000 habitants à seulement 745 âmes. Trop peu pour maintenir une telle église dans ce qui est désormais un petit village sans avenir.
On prit donc la décision de démolir la flèche de la tour, la nef et le transept en 1725. Les arcs des bas-côtés de la nef sont également murés.
Par bonheur, on conservât les murs de la nef. Ceux-ci étaient indispensables à la stabilité de la tour.
Une nouvelle façade, très simple, ferme désormais l’église au niveau de l’ancien transept.
Depuis, nous avons ce monument unique en son genre.
Une ruelle passe désormais au beau milieu de l’église.
Une porte d’accès a une habitation privée dans l’enclos de l’église.
L’entrée de l’enclos de l’église.
Le musée de la guerre et de la paix dans la Burgstraat.
Le clocheton de l’hôpital Saint-Jean...
... et la tour de Notre-Dame veillent sur la ville endormie.
Le musée à la lisière de la ville.
Le clocheton de l’hôtel de ville et le lévrier légendaire dominent fièrement les maisons.
Maisonnette abandonnée le long du canal.
La sentinelle du canal attend paisiblement ses prochains visiteurs.
Soyez le premier & devenez quelqu’un de bien • Be the first & become a good person