La Venise du Nord possède une très riche histoire footballistique avec ses clubs phares, le Club et le Cercle.
Au début, c’était chacun chez soi mais contraints, les deux clubs sont devenus locataires d’une seule enceinte.
Retour historique sur les trois principaux stades de Bruges.
Le football apparait à Bruges en 1891. Le premier club fondé est le Brugsche Football Club et ses sociétaires sont véritablement
pro-flamands, ses couleurs seront d’ailleurs le jaune et le noir. Il faut savoir qu’à l’époque, la bourgeoisie (et donc le pouvoir)
est aux mains des francophones, qu’ils soient flamands ou non. La revendication de la langue flamande est déjà forte en Belgique et
si la plupart des clubs sont fondés avec des noms francophones (AA La Gantoise, CS Courtraisien, FC Malinois, Racing de Malines, etc.),
quelques clubs ont pourtant dès le début un nom flamand comme à Bruges.
Ce club n’a qu’une existence bien éphémère et s’il participe à la fondation de l’URBSFA et au tout premier championnat en 1895,
des membres dissidents quittent le club dès 1894 pour fonder le FC Brugeois, ses couleurs seront le bleu et le noir. Les deux
clubs se retrouvent en 1897 et fusionnent pour créer le FC Brugeois. On conserve les couleurs bleu et noir et le Brugsche FC n’est
déjà plus qu’un souvenir.
Parallèlement, en 1899, deux petits clubs (le Vlaamsche Football Club et le Rapid Football Club) fusionnent pour former le Cercle
Sportif Brugeois. Ce nouveau club est une section de l’Association des Anciens Elèves de l'Institut Saint-François-Xavier de Bruges,
qui compte outre le football des sections de tennis, de cyclisme, de course à pied et de cricket.
Les couleurs du Cercle sont le vert et le noir. La fusion de 1899 ne plait cependant pas à tous les monde et des dissidents pro-flamands
quittent le Cercle pour refonder le Vlaamsche FC. Rapidement, le club n’apparait pas comme étant viable et est rapidement absorbé
par les rivaux du Club Brugeois en 1902.
La rivalité entre les deux clubs est déjà bien réelle et s’explique par l’origine de ces deux clubs et dans les couches de la
population où ces clubs vont chercher leurs supporters.
Le Cercle se revendique être un club catholique tandis que le Club est issu de la bourgeoisie libérale. Cette rivalité politique et
idéologique se retrouve à l’époque partout en Belgique et à Bruges, on doit choisir son camp : soit les Blauw & Zwart du
Club, soit les Groen-Zwart du Cercle.
Pendant 15 ans, le football belge reste dominé par deux villes : Bruxelles et Liège.
Si de nombreux clubs ont été fondés en Flandre (comme partout en Belgique), il faudra attendre la saison 1910-1911 pour voir
un club du nord du pays couronné Champion de Belgique. Cet honneur échut au Cercle de Bruges. Deux autres titres viendront
garnir le palmarès du Cercle en 1927 et 1930. Du côté de la Coupe de Belgique, ce même Cercle s’était illustré en atteignant
la finale en 1913 et en remportant l’épreuve en 1927. Le Cercle rentrera dans le rang dès les années 30, alternant montée et
descente entre les D1 et D2.
Pour ce qui est de son stade, le Cercle jouera pendant une décennie sur terrain situé à la « Smedenpoort ». Il n’y a
aucune tribune et les vestiaires sont situés dans une auberge. En 1911, le club émigre à la Chaussée de Torhout et dispose
enfin d’un vrai stade avec tribune (en bois), vestiaire et un mur d’enceinte. Cependant, ces installations sommaires ne suffisent
plus aux ambitions du Cercle et un nouveau terrain est acquis par Edgard De Smedt, fondateur du club, en 1922. Une grande tribune
assise et couverte ainsi que des gradins debout entourent la pelouse et peuvent accueillir 16.000 spectateurs. Le stade est
sobrement nommé « RCS Brugeois-stadion ». La mort de De Smedt (entre-temps devenu président en 1937) en 1950 donne l’occasion
aux dirigeants de rebaptiser le stade en Edgard De Smedtstadion.
Le stade ne changera plus jusqu’à sa fermeture en 1975, excepté l’apparition de l’éclairage artificiel en 1957.
Pendant tout ce temps, le club n’arrive pas à se stabiliser et pendant quinze ans alterne entre la D2 et la D3. Forcément, le public
boude le Cercle et les travées sont régulièrement vides. Cependant, un match amical est organisé entre le Stade Reims, à ce moment
l’un des meilleurs clubs européens. Le Cercle s’incline 1-4 mais le public répond présent et 10.000 spectateurs garnissent les travées
du Stade Edgard De Smedt.
Le club devra attendre le début des années 70 pour retrouver durablement la D1, mais restera dans l’ombre du Club. Le seul fait d’arme notable du Cercle est la victoire en Coupe de Belgique en 1985 (contre Beveren). Il y aura aussi quelques participations à la Coupe d’Europe mais sans grand résultat.
Excepté une finale perdue de Coupe de Belgique en 1914, le palmarès du Club resta vierge. Les Blauw & Zwart profiteront
du sortir de la Grande Guerre pour enfin rafler le premier trophée en 1920 en devenant Champion de Belgique. Le Club devra attendre
53 ans pour encore connaitre la joie du titre suprême. Pendant un demi-siècle, le Club éprouvera les pires difficultés à se stabiliser
et à glaner les trophées. Ainsi, le Club ne sera qu’un club parmi tant d’autres en faisant l'ascenseur entre l'antichambre de l’élite
et la D1.
Si le palmarès du club reste peu garni, le président d’alors, Albert Dyserynck, achète le stade où évolue le Club depuis 1912 et y
fait construire tribunes, vestiaires et tout ce dont a besoin un club ambitieux. Au fil du temps, le stade « De Klokke » atteint une
capacité de 25.000 places.
A la mort de Dyserynck en 1932, le stade est rebaptisé en l’honneur de son défunt président (« Albert Dyserynckstadion »).
L’essor du Club Brugeois n’arrivera qu’à la fin années 60. La Coupe est remportée en 1968 et 1970 et le second titre de Champion est gagné en 1973. L’âge d’or du club commence en même temps que les problèmes de financement. En effet, pour garder son rang de nouvelle puissance footballistique en Belgique, le Club engage les vedettes du moment à tour de bras sans avoir de gros moyens financiers. De plus, le stade a une grande capacité d’accueil mais son grand âge commence à poser problème. Pour éviter la faillite, les dirigeants du Club demande l’aide de la ville par l’entremise de son bourgmestre, Michel Van Maele (futur président du Club entre 1999 et 2003). Van Maele accepte, entre au conseil d’administration du Club et met à disposition du Club un tout nouveau stade construit en banlieue. Afin de ne pas léser le Cercle, lui aussi en difficulté, les deux clubs professionnels de Bruges joueront alternativement à l’Olympiastadion, inauguré en 1975. Les deux clubs seront tenus de reverser à la Ville une partie des bénéfices de la vente des tickets.
A partir de ce moment, le Club est devenu le second plus titré de Belgique (derrière Anderlecht) en remportant le Championnat en
1976, 1977, 1978, 1980, 1988, 1990, 1992, 1996, 1998, 2003, 2005 et 2016. En Coupe, le Club devient le club le plus titré avec des
victoires en 1977, 1986, 1991, 1995, 1996, 2002, 2004, 2007 et 2015.
Le Club s’illustre également en atteignant deux finales européennes : La Coupe de l’UEFA en 1976 et la Coupe des Clubs Champions en 1978.
Deux finales perdues certes mais qui auront permis de faire connaitre le Club Brugeois partout en Europe.
La nouvelle enceinte de Bruges brille par son modernisme et sa sécurité. Les pylônes d’éclairage sont démontés du Klokke et sont
remontés dans le nouveau stade.
Le stade se compose d’un premier niveau ceinturant tout le terrain et pouvant accueillir 22.000 spectateurs debout. Sur les côtés,
deux tribunes assises de 4.000 places chacune fixent la capacité du nouveau stade à 30.000 places.
Chaque club dispose de ses vestiaires, bureaux et buvettes. Si les deux clubs partagent les mêmes installations, ils ne sont pas amis
pour autant bien que la rivalité sportive n’existe plus vu la différence de niveau entre les deux clubs, la rivalité entre supporters
est toujours bien vivace. Les derbys de Bruges sont toujours des matches engagés et le titre honorifique de Ploeg van 't stad (« Equipe
de la Ville ») garde une grande importance pour les deux clubs.
En 1987, 1.000 places disparaissent au profit de business-seats et en 1993, la nouvelle réglementation de l’UEFA concernant la sécurité
dans les stades oblige la Ville à réduire la capacité à 18.000 places assises. Si cette capacité est largement suffisante pour le Cercle,
ce n’est pas le cas pour le Club. Heureusement, l’Euro 2000 sera organisé en Belgique ce qui permettra de restaurer la capacité de
30.000 places en ajoutant un second étage derrières les buts.
Ces travaux, financés en partie par la Région Flamande a pour conséquence de changer le nom du stade : on parle désormais du Jan Breydelstadion,
du nom d’un révolutionnaire brugeois au XIVe siècle et qui sera le héros d’une révolte contre le Roi de France. Toujours cette
obsession anti-francophone...
Le stade est grand, moderne et sûr mais les deux clubs rêvent de retrouver un stade qui leur est propre. Le Club projette depuis
une décennie une nouveau stade 44.000 places tandis que le Cercle rêve une enceinte de 12.000 places (soit un nouveau stade, soit
une réduction de capacité du Jan Breydelstadion une fois le Club parti).
Ces deux projets restent pour le moment lettre morte et les deux clubs s’accommodent sans trop de mal du stade communal.
La foule se presse aux portes du stade du Cercle, dans les années 20.
La foule est régulièrement présente durant l’âge d’or du CS Brugeois.
Ce stade de 16.000 places n’évoluera jamais pendant 53 ans.
Après le déménagement du Cercle vers l’Olympiastadion, le Stade Edgard De Smedt est abandonné même si un concert a lieu de temps à autres, comme ici en 1983.
Démontage des pylônes d’éclairage rongés par la rouille en 1990. La démolition est proche.
La buvette du stade, totalement pillée.
A l’intérieur de la tribune assise, près des vestiaires.
Si le terrain est encore utilisé, les gradins sont totalement délaissés. Ici, la tribune latérale a déjà été rasée.
Une tribune de but.
La vieille tribune principale, la veille de sa démolition.
Sous la même tribune. Encore en bon état, elle n’a cependant plus d’avenir.
Démolition en 1991.
La pelouse sera convertie en un site consacré à l'horticulture, connu désormais sous le nom d’Edgard De Smedtplantsoen.
Le portail est désormais le dernier vestige du vieux stade Edgard De Smedt.
Passons au stade de l’ennemi héréditaire du Cercle, le Stade Albert Dyserynck du Club Brugeois.
A ses débuts, et si l’on excepte le titre de 1920, le Club vit dans l’ombre du Cercle et cela se ressent dans la fréquentation du stade.
Le stade au début des années 70. Un second étage sera encore construit peu après derrière la tribune de gauche tandis que les pylônes d’éclairage seront remontés au tout nouveau Olympiastadion.
Le vieux De Klokke à la fin des années 90. Encore utilisé par le club amateur l'Eendracht Brugge VV, le stade sera cependant vendu à un promoteur immobilier.
Le Club Brugeois sur le point de perdre son héritage historique.
Le Spionkop, d’où s’élevait une ambiance infernale pour les visiteurs.
Un stade typique mais victime de la gestion hasardeuse des comptes du Club.
Le vieux stade à la veille de sa disparition.
La maquette de l’Olympiastadion. 30.000 places et une sécurité optimale.
Le stade en construction. Il sera inauguré durant l’été 1975.
Le stade pendant les années 80. Si l’Olympiastadion sera le théâtre des plus grands exploits du Club, il sera en revanche trop grand pour un Cercle devenu anonyme.
Travaux d’agrandissement en vue de l’Euro 2000. La capacité repassera à 30.000 places.
Les travaux ont été menés à la hâte avec quelques incohérences (comme des virages non couverts) mais le stade reste agréable.
La tribune sud, en partie réservée aux visiteurs.
Vue sur la tribune est, capable d’abriter 5.525 personnes. A l’avant-plan, le nouvel étage de la tribune nord, la plus grande du stade avec 9.107 places.
La tribune nord, fief des kops du Club et du Cercle.
La tribune principale à l’ouest, avec ses business-seats et ses 5.032 places assises.
L’avenir de ce stade n’est toujours pas clairement défini...
Moderne et pouvant encore être agrandi, il serait dommage qu’il disparaisse.
Soyez le premier & devenez quelqu’un de bien • Be the first & become a good person